H20, une
ressource si mal considérée
Une société qui se
permet d’utiliser de l’eau potable dans les toilettes n’a pas de recul par
rapport à l’importance du respect des ressources naturelles.
L’eau de distribution est
de meilleure qualité que l’eau en bouteille. L’eau de pluie a des qualités bien
supérieures à l’eau de distribution, elle n’est pas dure - chargée de
calcaire. Trois sceaux d’eau de pluies suffisent à nettoyer une voiture.
Contrairement à une idée
reçue, les réserves d’eau potable sont limitées. De plus en plus limitées, Ã
mesure que les nappes se dégradent et qu’il devient coûteux de rendre l’eau
potable ou de la traiter avant rejet. Le coût de la potabilisation de l’eau
augmente d’année en année. La Bretagne ne possède plus d’eau potable. La
Belgique n’a plus aucun cours d’eau potable. Un véritable drame pour des pays
qui exportent leur eau et la vendent en bouteille sous étiquette
« verte » (Spa, Valvert…).
En Europe du Nord, on
peut estimer qu’un individu peut largement dépendre de la pluviométrie annuelle
récoltée sur une surface de 30 m2. Le stress hydrique peut durer jusqu’à 3
mois. Si les réserves sont calibrées de manière à assurer les périodes sèches
et que la personne se limite à consommer 50 litres par jour, nous pourrions
prétendre à l’autonomie. Il existe des cuves souples de 5000 litres au prix de
500 euros.
Domestiquer l’eau
Récolter l’eau de pluie,
sous certaines conditions strictes nécessite l’implication des personnes, la
responsabilisation qui manque de plus en plus dans nos sociétés qui s’en
remettent à un état dont l’intervention et le sens de la responsabilité a
également ses limites.
Entretien des toits,
types de couvertures neutres de toits, placement de crépines, pré-filtres,
cuves adaptées, utilisation de pompes peu énergivores, de filtres intérieurs
(charbon, sable, céramique…) osmoseurs, filtres UV… rendent l’eau de pluie
potable. Une étude préalable et une surveillance est vivement conseillée. Des
centres de recherches indépendants et des laboratoires universitaires offrent
ces services. (Quelques produits européens existants : membranes Derbipur,
toits végétalisés Green Roof, pompes Neptune, filtres Cintropur, traitements
des eaux Aquatech…)
L’eau peut être économisé
par l’utilisation de toilettes sèches (jusqu’à 40%), par des mélangeurs air-eau
(jusqu’à 50%) en douches au lieu de bains… la pratique des lavoirs collectifs
et la vaisselle « maîtrisée » à la main.
L’eau souillée regagne un
bassin de lagunage. Pour une seule personne, la surface peut se limiter à 15m2
d’une profondeur de 50 cm comprenant une fosse septique, un lagunage comblé de
graviers, de sable et de plantes aux rhizomes profonds et un dernier bassin de
récolte exposé à la lumière du jour.
L’eau ainsi épurée peut
repartir vers la cuve pour un nouveau cycle ou être libérée vers un cours
d’eau, un égout, un réservoir collectif.En amont, lors de l’acte
d’achat, des savons et détergents à base de produits naturels peuvent faire la
différence lors du traitement.
Tant va la cruche Ã
l’eau…
Lors des recherches
menées pour l’établissement de systèmes autonomes, j’ai pu constater que
certains consommateurs passaient le cap des 300 litres d’eau par personne/par
jour. A la lecture de leur facture, ils disent ne pas subir le coût de l’eau.
L’eau n’est pas (encore) assez chère donc peut être pas respectable à leur
yeux. Le bain du matin, le bain relaxant du soir, les 10 chasses de toilette
délestées directement à l’égout pour… quelques grammes de déchets humains (10%
de matières « dures ») et quelques litres de nitrates/phosphates
valorisables sur place dans un jardin.
Ne serait-il pas
nécessaire de taxer l’eau au-delà d’un quota par personne ?Tout comme on taxe des
produits rares, afin de préserver la ressource qui chaque jour s’épuise.Il ne s’agit pas de
perdre en qualité de vie mais de gagner en confort moral.
Partout dans le monde,
des sociétés commerciales s’approprient les sources potables au détriment des
populations qui voient leur accès à l’eau diminuer. Les conséquences de
l’activité agricole réduisent considérablement la qualité des nappes aquifères.
En Afrique et en Amérique latine, la nouvelle spéculation foncière et
l’exploitation industrielle des terres porte atteinte aux eaux de surface
desquels dépendent une large frange de la population rurale. Creuser plus
profondément, atteindre des réservoirs fossiles devient parfois la seule
alternative à la dégradation des eaux disponibles.
Les cours d'eau sont
délaissés, à peine 10% des transports par voie fluviale et presque plus de
régulation par écluse qu'on ouvre presque plus dans certaines régions d'où la
disparition de poissons. Mais également le fait qu'on installe plus des
mini centrales hydrauliques car on ne sait plus comment faire. Le savoir
s’est perdu, de jeunes ingénieurs doivent tout réinventer pour faire face aux
demandes considérées comme anecdotiques.
La publicité pour l’eau
en bouteille, malheureusement relayée par le corps médical a fait croire que
l’eau en bouteille était meilleure que l’eau de distribution. L’eau du robinet
est 120 fois moins chère et plus sûre que l’eau en bouteille.
Mais il y a aussi les dommages
collatéraux lourds. Dans le meilleur des cas et suivant les régions, seulement
10% des bouteilles plastiques sont recyclées. Les 90% restants sont (au mieux)
incinérer pour produire de l’énergie ou tout bonnement jeter dans les
décharges. Ces bouteilles plastiques composent 60% des « continents de
plastique » qui ornent les pots-au-noir de tous les océans avec une épaisseur
de plus de 20 mètres sur une surface évaluée à cinq fois la France. Quand on
sait que les plastiques réduits en billes, par l’action de l’eau de mer,
rentrent dans la chaîne alimentaire. Dès lors, tout produit issu de la pêche
est hautement suspect et porteur de PCB qui, comme nous le savons, provoque des
perturbations génétiques chez la plupart des organismes vivants. Le mieux ne
serait-il pas de bannir définitivement l’origine du mal ? Le Rwanda, petit
pays d’Afrique, a pris la décision d’interdire les plastiques. Et nous ?