Demain, vivre ensemble ?
« La liberté est de se prendre en charge, plutôt que
subir une situation ».
L’habitat collectif d’aujourd’hui
Il est clair que pour concevoir une mise en commun d’un
projet, il faut un terrain et un projet architectural communs qui dépendent
d’une vision commune. Vu comme cela, il y a fort à parier que ce type
d’ensemble résidentiel ne soit pas accessible à tous. Car le terrain
manquerait.
Force est de constater, que 4 européens sur 10 vivent en
appartement. Sur les 55,5 millions de Français, 75% sont citadins. Une portion
non négligeable pratique déjà une co-habitation plus ou moins heureuse ou le
chauffage, l’eau, l’électricité, le gaz et le traitement des déchets est
communautarisée. Pour peu que les isolations thermiques et les installations
soient quelque peu performantes et entretenues, il s’agit déjà d’une solution
commune avec économie intéressante en énergie.
Dès lors, à cette solution existante, il manque sans
doute la vision d’un échange et d’un projet commun. Une autre forme d’habitat
collectif est née depuis quelques années du repli et du sentiment d’insécurité
ou de la nécessité d’un suivi ou d’une assistance humaine. Des ensembles
regroupent des personnes âgées, des handicapés, des familles désireuses de
protéger leurs biens.
De nombreuses expériences collectives ont vu le jour.
Elles étaient principalement mues par le rejet de l’establishment et lié à une
période de l’histoire d’une société en pleine mutation. Ces expériences n’ont
cependant pas toujours fait école. Certaines se sont éteintes, d’autres se
maintiennent vaille que vaille, grâce à leur renommée. C’est le cas, par
exemple, d’Auroville en Inde où les hommes et les femmes apprennent à vivre en
paix, un laboratoire communautaire enrobé d’un fond spirituel ou religieux.
Inaugurée en 1968, ce grand village de 20 km2 allie tous les secteurs et aurait
pu augurer d’une solution d’avenir locale. Mais voilà , le dénominateur commun
semble être la spiritualité qui comme chacun le sait n’est pas forcément figé
dans le temps.
Nous l’avons vu les solutions collectives existent déjÃ
et les expériences de partage ont également une existence dans le temps.
L’habitat de demain
Imaginons un éco-village, un éco-hameau ou une
copropriété basés sur les nouvelles valeurs mondiales en application dans les
secteurs de l’alimentation, de la production de l’énergie de la mobilité et de
l’habitat. On peut effectivement imaginer quantité de solutions à mettre en
Å“uvre. Elles seront certainement locales issues des ressources du cru. Cependant
celles-ci dépendent du potentiel de chaque copropriétaire d’élargir son
« cercle de tolérance » et son envie d’exprimer son individualisme. Car lÃ
réside le souci. Si dans nos sociétés, les solutions collectives d’avenir n’ont
pas été mises en place, c’est parce que nous vivons dans une société
d’individus centrés sur leur bien-être. Dans la quête de ce bien-être
individuel, on en vient à reporter à demain les comportements durables.
Aujourd’hui, nous maîtrisons les technologies, nous
disposons des connaissances et du recul pour mettre en place des solutions
réellement durables. Le frein majeur reste l’immobilisme dû à un certain
bien-être matériel déjà en place. Techniquement nous sommes au point. Nous
pouvons produire des enveloppes à très bon taux d’isolation, réguler le flux de
l’air, réduire ou rendre autonome énergétiquement.
Changer les choses nécessite une révolution culturelle
qui démarre là où nous posons les pieds.
Le partage, une affaire d’humain
Il est évident que vivre ensemble, échanger le bien
devenu commun, assurer une cogérance ne coule pas de source. Ceci dit, des
immeubles à appartements fonctionnent de cette manière depuis plusieurs
siècles. Mais quand on passe au jardin, à la cogénération d’énergie, on touche
à l’esthétisme et au portefeuille des individus. Partant du principe que les
goûts et les couleurs ne font pas forcément l’unanimité, il est clair que la
cohabitation est affaire de compromis et qu’à la base il faut un incitant et
pourquoi pas financier ?
Economie d’échelle
Il est évidemment que pratiquer la co-habitation, assurer
les co-achats, le co-voiturage et même en commun les infrastructures permettent
de faire d’importantes économies. Les achats groupés (nourritures,
électroménager, vêtements et même voitures) permettent de réaliser jusqu’à 30%
d’économies. C’est une approche pragmatique et financière qui devraient en
ravir plus d’un et vu sous cet angle-là nous sommes loin des communautés
beatnicks qui partageaient pour ainsi dire… tout.
Sans aller aussi loin, une solution commune pour la
production d’énergie semble évidente. Et là aussi, une économie d’échelle est
évidente avec un meilleur rendement fourni par des solutions semi industrielles
(générateur biogaz et chaudière à pellets s’appuyant sur la biomasse disponible,
surface de panneaux photovoltaïques suffisante pour alimenter une pompe Ã
chaleur ou alimentant directement le réseau local, mise en base tension des
installations électriques, éolienne plus conséquente…).